Georges Charensol entre aux Nouvelles Littéraires comme secrétaire de rédaction sous la direction de Maurice Martin du Gard en 1925.

Convoqué en 1924 par Maurice Martin du Gard qui cherchait un vrai journaliste, il doit attendre fort longtemps son rendez-vous, il raconte :

« J’avais déjà très mauvais caractère. Les cinq minutes écoulées, je me levai et me dirigeai vers la porte… J’étais sur le palier quand une sonnerie retentit : « c’est pour vous » 

En entrant dans le bureau de Martin du Gard j’étais de fort méchante humeur et notre conversation commença mal car il eut l’impudence de me traiter de solliciteur : « non monsieur, lui dis-je, je ne cherche pas de situation. »… « Je collabore à Paris-Midi, au Journal Littéraire et j’ai des livres à écrire ». Il se fit conciliant : « Accepteriez-vous d’assurer le secrétariat de rédaction des Nouvelles et de l’Art Vivant ? »…
Quand je pris mes fonctions aux Nouvelles il fut entendu qu’en dehors de mon travail de secrétaire de rédaction je donnerai des articles…
Malgré moi j’étais devenu pratiquement le chef de la rédaction des Nouvelles, Lefèvre se cantonnant dans ses Une heure avec.. et Martin du Gard considérant surtout le journal comme un marchepied à ses ambitions…
J’étais en termes d’amitié avec Frédéric Lefèvre, bien qu’il ne fût pas ravi de me voir jouer le rôle du rédacteur en chef dont il n’avait que le titre… Sa position était d’autant plus ambigüe que son nom figurant dans la manchette du journal, on le tenait pour responsable de certaines prises de positions imposées soit ouvertement par Martin du Gard (directeur) soit, en coulisse, par André Gillon (administrateur), et sur lesquelles on ne lui avait pas demandé son avis… »
Pendant l’intermède de la guerre où le journal se saborda, il reste avec sa famille dans le midi.
« Pas un instant je ne songeai à regagner Paris. Les Nouvelles avaient publié en juin (1940) leur dernier numéro, mais j’aurais facilement trouvé ailleurs une rubrique… si j’avais eu le sentiment qu’il était possible de faire du journalisme sous contrôle allemand »
Le journal reparut en 1945..


« Frédéric Lefèvre mourut subitement en 1949. J’étais à ce moment membre du Jury du Festival de Cannes. André Gillon me rappela à Paris et m’offrit la rédaction en chef du journal. J’acceptai sans aucun enthousiasme car si cela ne devait pas changer grand-chose à mon travail, je savais que je n’aurais plus personne pour servir de tampon entre la direction et moi »
Il reprend à cette époque la rubrique « cinéma », il la tiendra jusqu’en 1984, les Nouvelles Littéraires étant devenues L’Evénement du Jeudi.
Il quittera la rédaction en chef en 1962.


Extraits du livre : D’une rive à l’autre