Moïse KISLING

 

Alors que le musée de Lodève présente un ensemble de peintures des années 1910 à 1930 de Kisling avec son style au «  naturalisme organisé » comme disait André Salmon, il est bon de relire Georges Charensol au sujet de son ami.

Article de Georges Charensol en 1931:

Kisling appartient à la génération qui connaît depuis peu d'années la faveur du public. Bien avant la guerre, pourtant, la célébrité de Kisling était déjà solidement établie dans les milieux d'artistes, mais elle n'avait guère franchi les frontières de Montparnasse…
Aujourd'hui, au contraire, les riches amateurs prennent le chemin de son atelier. C'est non seulement parce que son talent s'est imposé, mais aussi parce que son art s'est peu à peu dépouillé de ses rudesses pour faire au charme et à la grâce une place que la plupart des peintres contemporains leur refusent. Mais ces agréments ne sont qu'extérieurs et l'œuvre de Kisling si elle a subi en apparence une profonde évolution, reste comme jadis profondément mélancolique.
Autrefois cette tristesse s'exprimait avec plus de rudesse, car Kisling était toujours proche des misères qu'il avait connu en Pologne.
Aujourd'hui, l'atmosphère de la France a agi sur lui, comme sur tous les peintres de « l'Ecole de Paris » . Sa palette s'est éclaircie, enrichie, et s'il le voulait, une brillante carrière de portraitiste mondain lui serait ouverte.
Mais sous les apparences d'un garçon cordial et plein d'entrain subsiste le sombre peintre des enfants souffreteux des ghettos de l'Europe Centrale.

Kisling, qui par certains côtés peut être considéré comme un des précurseurs de l'expressionnisme, reste un peintre épris d'expression humaine. Il a peint de somptueuses natures mortes, des paysages éclatants de lumière, mais c'est dans le portrait qu'il triomphe. L'analyse de la forme à laquelle il s'attache, lui permet d'atteindre jusqu'au cœur de l'âme de son modèle. Mais il lui donne toujours un caractère grave et rêveur qui, en dehors de leurs qualités picturales, les rend profondément émouvantes. Ce n'est que peu à peu que Kisling a pu atteindre à son actuelle maîtrise.


Avant de posséder ce métier si solide qui évoque souvent la tradition « ingriste », il avait usé de techniques les plus diverses. Comme tous les jeunes peintres doués de quelque sensibilité, à son arrivée à Paris aux environs de 1910, il avait été touché par les théories constructrices qui donnèrent naissance au cubisme mais il n'adhéra jamais complètement à ce mouvement.


Une autre caractéristique de Kisling est son amour de la peinture pour elle-même. Même après les nuits les plus orageuses, il est debout dès la première heure à côté de son modèle, dans son lumineux atelier, tout voisin du cabinet où travaille son ami André Salmon. Car si Kisling ne dédaigne pas de fréquenter les types pittoresques, il aime plus encore les poètes.


Chaque année cependant, Kisling déserte brusquement la rue Joseph-Bara et s'en va passer plusieurs mois dans cette Provence qu'il a peinte maintes fois : cependant qu'il travaille à Marseille, à Sanary, ou à Saint-Tropez, Montparnasse paraît bien morne privé de sa cordiale gaîté…


Dictionnaire biographique des Artistes Contemporains (1910-1930) sous la direction d'Edouard-Joseph
PARIS ART& EDITION (1931)

 

Autoportrait




Françoise Charensol 1947 


De nombreux peintres furent aussi illustrateurs pour la presse ou l'édition .
Voici quelques dessins qui parurent dans les années de 1930 à 1948, de Becan, Jacinto Salvado, Roger Wild, André Dignimont, Louis Touchagues ou Kostia Terechkovitch.

 


Illustration d'André Dignimont



Marlène Dietrich par Becan



Chagall par Salvado



Pascin par Salvado



Picasso par Roger Wild



Bonnard par Louis Touchagues



Kostia Terechkovitch autoportrait